Une seule lettre change et tout est déréglé. Le narrateur va l’apprendre à ses dépens quand après avoir travaillé quelque temps dans une papeterie, il décide de devenir correcteur professionnel. Il y est d’autant plus résolu que sa mère a toujours cru qu’il était prédestiné à ce métier. Il est embauché à ce poste dans la Revue du Tellière, dirigée par Reine, une femme autoritaire et dominatrice qui va bientôt exercer sur lui son emprise. Reine le fascine autant qu’elle l’intimide.
L’aventure se complique lorsqu’il constate que des coquilles sont systématiquement ajoutées après coup sur son jeu de copies. Il soupçonne bientôt Reine de les glisser là délibérément afin de le prendre en faute. Mais bientôt des coquilles d’une tout autre nature vont faire leur apparition…
La Correction – Élodie Llorca
Éditeur : Payot & Rivages (paru le 17 août 2016)
Pages : 188
Ma note : 3/5
Mon avis :
« Depuis quelque temps, je soupçonnais ma patronne de volontairement introduire quelques coquilles dans la copie afin de pouvoir me prendre en faute ». Ainsi débute le récit d’Élodie Llorca. Sans tergiversation, le sujet est lancé. Dans une écriture agréable et fluide, nous découvrons les craintes de François, correcteur à La Revue du Tellière, dirigée par Reine. Cette dernière, dont le prénom ne fait que renforcer sa position de souveraine au sein de la structure, intimide autant qu’elle attire le narrateur.
Dans le même temps, François nous révèle que son couple bat de l’aile, surtout depuis la mort de sa mère. N’ayant plus de contact avec son père, il paraît par conséquent bien seul dans cette vie morose, jusqu’à la découverte d’un mystérieux oiseau dans le caniveau. Cet oiseau accompagnera le personnage jusqu’à la fin, tel un talisman.
La culpabilité qu’il éprouve suite au décès de sa mère ainsi que ses soupçons à l’égard de sa patronne ne feront que s’amplifier au fur et à mesure du récit, jusqu’à basculer le lecteur dans une sorte de paranoïa et de délire. François semble perdre la raison, son inconscient lui joue des tours, il finit par avoir des hallucinations. Même les mots se jouent de lui, se transforment en « coquilles », quand une seule de leurs lettres change pour en modifier le sens. Un cauchemar pour le correcteur qu’il est. Bientôt ses maux s’accentuent de toute part.
« Le mot était important. Il fallait que ce soit le bon au risque de voir disparaître le sens. Trouver des coquilles, c’était aller à la pêche, voilà le sentiment que j’avais de mon métier. Et la pêche pouvait être plus ou moins bonne selon les jours. Ces derniers temps, il me semblait que des coquilles vicieuses venaient accrocher le ver pourri de ma canne. »
Les chapitres sont très courts, l’action n’en est pas vraiment une, nous nous demandons où l’auteure souhaite nous emmener, puis nous basculons peu à peu dans un récit psychologique à la tension palpable. Dans la majeure partie du roman, nous cherchons à connaître le responsable des « coquilles », nous tapons du pied, nous déferlons au fil des pages, puis tout se précipite, le récit s’intensifie, prend subitement une tournure maladive et nous surprend. J’avoue avoir été déconcertée par ce bouquet final. Cette lecture me laisse un peu perplexe dans sa complexité mais j’ai aimé être embarquée à un moment donné dans un suspens habilement mené par l’auteure. Ce roman court (moins de 200 pages) nous laisse inexorablement pantois.
J’ai eu la chance de lire ce roman dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire du site Lecteurs.com, je les remercie vivement ainsi que les Éditions Rivages, et Karine, notre rédac’ chef pour l’évènement.
J’hésite suite à ton avis. Je crains le côté un peu plat mais le côté psychologique n’est pas pour me déplaire.
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