Lecture : « Le Murmure du vent » de Karen Viggers

Quand Abby rencontre Cameron, tout en lui l’agace. Biologiste, elle arpente seule la vallée des monts Brindabella pour observer le comportement des kangourous. Il est un jeune journaliste en quête d’un article pouvant susciter la polémique.
Quand il cherche à la revoir, elle fait tout pour l’éloigner. Pourquoi prendrait-elle le risque d’être à nouveau blessée par la vie ?
Un jour, elle rencontre une vieille dame, Daphne, qui a passé sa jeunesse dans ces montagnes et vient régulièrement se ressourcer dans cette nature si chère à son coeur. Malgré leur différence d’âge, les deux femmes se rapprochent. Avec délicatesse, Daphne essaye de sortir Abby de son marasme. Leur amitié leur permettra peut-être enfin de se libérer du passé et de sourire à l’avenir ?

Le Murmure du vent – Karen Viggers

Éditeur : Les Escales (6 avril 2017)

Pages : 396

Ma note : 4/5

Mon avis :

Il est de ces romans qui nous font voyager à l’autre bout du monde, qui nous font ressentir la nature et les éléments. Si vous aimez vous évader lors de vos lectures alors Le Murmure du vent est pour vous, surtout si vous aimez l’Australie. 

Quelques petites choses m’ont toutefois dérangées, telles que des coïncidences trop faciles à mes yeux et un dénouement attendu. Mais le grand point fort est indéniablement le sentiment de retour à la nature que ce roman procure. De plus, il nous informe avec neutralité et précision au sujet du problème de surpopulation des kangourous en Australie. On sent véritablement que l’auteure sait de quoi elle parle (elle est australienne et vétérinaire) et qu’elle nous offre en partage son amour de la nature. Ses bonnes connaissances de la faune font que la lecture est captivante et enrichissante. À plusieurs reprises, j’ai cherché sur internet à quoi pouvait ressembler telle ou telle espèce endémique présentée dans le récit, ceci afin d’être plongée totalement au cœur du décor.
Nous traversons donc les Monts Brindabella en compagnie des personnages, nous ressentons des émotions de liberté sauvage, d’amour, mais aussi de tristesse et de culpabilité en raison de l’histoire du pays, de la colonisation, du vol des terres aux aborigènes par les Blancs. Nous nous retrouvons également tiraillés au sujet de l’impact de la reproduction massive de la mascotte du pays, le kangourou. Et Karen Viggers expose tout à fait bien l’opposition entre les activistes, militants pour les droits des animaux, qui sont contre les abattages qui sont pour eux de véritables massacres inutiles, et les scientifiques et les écologistes qui se doivent de prendre ces terribles décisions au nom d’une régulation nécessaire. Les deux partis présentant farouchement leurs propres arguments défendables et compréhensibles. Certains passages sont difficiles, je tiens à le préciser pour tous les amoureux des animaux tels que moi. Mais c’est une réalité qui donne corps et crédibilité au roman. L’auteure expose les faits tels qu’ils sont, sans chichis et sans trop en faire. Juste comme il faut pour en prendre véritablement conscience.

Mais Le Murmure du vent, c’est aussi une aventure humaine dans laquelle les personnages traînent de douloureuses peines d’une enfance et d’une adolescence difficiles. La famille tient en effet une grande place dans le récit, tout comme les épreuves passées et leurs répercussions dans le présent.

« Les conséquences, les châtiments, les remords, les regrets : tout cela ne meurt jamais. Les tentacules de notre passé se glissent par on ne sait quelles circonvolutions jusqu’au cœur de notre présent, et plus loin encore, dans notre avenir. Et il est impossible de revenir en arrière. »

L’amitié est également mise en exergue, notamment à travers ces deux femmes, Abby et Daphne, l’une jeune, l’autre âgée, mais toutes les deux abîmées par la vie. Elles vont se rencontrer et leurs blessures vont les rapprocher. Elles nous offrent une jolie expérience de vie. Même si le dénouement était convenu, il est resté émouvant et beau. Je me suis retrouvée les larmes au bord des yeux…

« Depuis sa discussion avec Daphne, Abby se sent plus tranquille. C’est si bon de parler avec elle, les mots viennent si facilement, comme autrefois avec sa grand-mère. Après dix années à se laisser emporter sans guide dans les tourbillons de la vie, l’amitié de Daphne se révèle une sorte de havre. Elle lui fait confiance, tout est là. »

L’amour quant à lui est compliqué. Il est semé de doutes, de retours en arrière, de fuite. En lisant la quatrième de couverture, je m’attendais à plus d’opposition entre Abby et Cameron, alors que finalement l’agacement mis en avant dans ces quelques lignes passent rapidement à tout autre chose dans le roman. J’ai donc été surprise par la rapidité d’évolution de leur relation. Là encore, même si le doute est permis dans une grande partie du livre, il a été facile de deviner l’issue. Rien de bien original ici.

Pour finir, je tiens à saluer l’écriture de l’auteure qui nous offre de beaux paragraphes poétiques, notamment lorsqu’elle décrit les paysages. Elle sait merveilleusement bien nous embarquer au cœur de son pays et nous livre une jolie escale au sein du bush australien en compagnie des kangourous et de toute cette faune incroyable que j’ai désormais encore plus envie de découvrir par moi-même.

« Enfin, ils débouchent de sous le couvert des arbres sur un plateau où les ondulations de la terre se confondent presque avec les nuages, le vent se disperse pour explorer les touffes de tussack et le granit festonne les sommets. Estompées dans les lointains, les silhouettes dégradées violettes des montagnes semblent peler par couches successives contre le bleu du ciel. »

C’est donc un roman de nature, d’amour et d’amitié qui, malgré quelques convenances et facilités, nous transporte dans un tourbillon de sentiments et d’éléments. Magnifiquement contés, les paysages du bush australien nous enveloppent d’une liberté sauvage prenante. Mais notre conscience et notre sensibilité sont aussi mises à l’épreuve sur des sujets sérieux et réels tels que la surpopulation des kangourous. Un roman humain émouvant doublé d’un livre écologique romancé. À découvrir !

Je remercie chaleureusement les Éditions Les Escales pour cette lecture et ne manquerai pas de partir à la découverte des deux premiers romans de l’auteure, La Mémoire des embruns et La Maison des hautes falaises, qui attendent sagement dans ma bibliothèque.

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

8 réflexions sur « Lecture : « Le Murmure du vent » de Karen Viggers »

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