Lecture : « Une histoire des abeilles » de Maja Lunde (Rentrée littéraire 2017)

Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l’apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.

Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d’une exploitation menacée par l’inquiétante disparition des abeilles ? 

Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d’un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d’un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l’humanité.

Une histoire des abeilles – Maja Lunde

Éditeur : Presses de la Cité (17 août 2017)

Pages : 396

Ma note : 5/5

Mon avis :

Un triptyque écologiste visionnaire qui nous rappelle l’importance des abeilles et l’impact sans précédent de leur disparition. Un roman à mettre entre toutes les mains, au plus vite ! 

Je n’irai pas par quatre chemins, j’ai aimé profondément ce roman. On y parle de l’Homme et de sa relation avec les abeilles, de l’évolution du quotidien et des mentalités en trois époques bien différentes et du lien qui les unit. C’est notre destin à tous qui est conté dans ces 400 pages. L’auteure a su merveilleusement bien dépeindre la catastrophe écologique et humaine qui nous attend si nous ne protégeons pas davantage l’environnement, la nature, les insectes, mais sans tomber non plus dans un négativisme ancré que l’on ne pourrait jamais déboulonner. L’espoir est permis si nous agissons.

Tel un effet papillon, les répercussions se démultiplient aux quatre coins du globe. De l’enthousiasme de l’invention d’une ruche révolutionnaire dans l’Angleterre du XIXème siècle en passant par l’Effondrement des colonies d’abeilles aux États-Unis au début des années 2000, nous finissons dans la sombre Chine de 2098. En effet, sans abeilles, pas de pollinisation donc pas de fleurs, pas de fruits, extinction d’un nombre incalculables d’insectes et par conséquent de leurs prédateurs. En bref, il ne resterait plus grand chose. Je vous laisse imaginer, c’est facile. Toutefois, Maja Lunde sait nous imposer ces faits réalistes sans tomber dans un discours moralisateur. J’ai vraiment apprécié la façon dont elle dépeint les grandes étapes du destin des abeilles, mais aussi l’humanité qui s’en dégage. Les personnages sont vivants, cruellement vrais, attachés à l’apiculture, conscients des enjeux, passionnés. Les abeilles et l’Homme ne font qu’un. Comme dans une immense colonie, les individus se déchaînent, cherchent des solutions pour le bien de tous, baissent les bras puis les relèvent avec conviction et ferveur.

Les trois histoires sont liées d’une exceptionnelle façon, sans en avoir l’air. Je ne vous en dirai pas plus, évidemment, j’espère sincèrement que vous vous bousculerez pour découvrir ce livre qui en vaut vraiment la peine. Et même si les abeilles ne vous intéressent pas ou peu, vous verrez que ce roman aborde des thématiques universelles, qui nous concernent tous. C’est un roman écologiste oui, c’est aussi un roman profondément visionnaire, réaliste et humain. Certains éléments actuels ou d’un passé proche de notre quotidien apportent un vrai réalisme à l’histoire. J’ai tout aimé, c’est pourquoi je lui attribue la note maximale. Et j’espère vous avoir donné envie de le découvrir à votre tour.

Il nous amène à réfléchir encore plus, à agir surtout. Parce que telles les ouvrières, chacun de nous peut apporter sa pierre à l’édifice. J’ai une confidence : depuis quelques années, l’idée de mettre une ruche dans notre jardin nous trotte dans la tête, je me demande si on ne va pas finir par se laisser tenter… Et vous ?

Un grand merci à Anne et Allison des Éditions Presses de la Cité pour cet envoi !