Voici la neuvième interview issue de mon partenariat avec PAGE des Libraires. Cette fois, j’ai souhaité que PAGE contacte Bénédicte Cabane de la librairie des Danaïdes à Aix-les-Bains car elle a chroniqué, dans le dernier numéro de PAGE, le nouveau roman de Gaëlle Josse, Une longue impatience, qui me fait terriblement envie.
Quelques mots de Bénédicte Cabane à son sujet (revue n°188) :
« Un magnifique texte sur l’absence et sur l’attente. L’absence d’un fils et l’attente d’une mère. Un adolescent, du jour au lendemain, s’engage dans la marine marchande. Aux yeux du monde, sa mère va continuer à vivre. En réalité, elle ne va cesser de l’attendre. Un peu comme Pénélope attendit Ulysse (…) Tout le long de ce long journal intime et des quelques lettres directement adressées au fils, Gaëlle Josse nous brosse avec justesse, pudeur et talent le portrait de cette femme, de cette mère. Les sentiments exprimés sont intemporels et touchent le lecteur à l’âme. »
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Six questions à Bénédicte Cabane…
Préambule : Quelle est l’histoire de votre librairie ?
La librairie des Danaïdes a été créée en 2003 par Francis Rousset, un bonhomme qui aujourd’hui est vigneron (il a planté ses vignes l’an dernier !). Elle a été reprise en 2008 par mon mari et moi-même. Située en zone piétonne, nous l’avons déménagée dans une rue de commerces indépendants et dynamiques avec principalement des métiers de bouche (c’est-à-dire que les Aixois y viennent tous les jours faire leurs courses…). Dans la foulée, nous avons institué les Jeudis des Danaïdes : le premier jeudi du mois, une rencontre a lieu à la librairie, soit autour d’un auteur invité, soit autour d’un thème choisi. La rencontre se termine par un moment convivial autour d’un « buffet » avec les choses à manger et à boire amenées par les participants.
1) Comment êtes-vous devenue libraire ?
Un peu par hasard. Après l’obtention de nos diplômes (écoles supérieures de commerce), mon mari et moi, nous sommes installés à Paris pour y travailler. Et puis, nous en avons eu assez de ce rythme effréné. Quitter Paris oui, avoir sa propre entreprise oui. Mon mari, moteur dans ce projet, avait plein d’idées en tête. Pour ma part, grande lectrice et amoureuse des livres, seule la librairie m’attirait. Alors, nous avons fait le grand pas : après avoir visité quelques librairies à droite et à gauche, nous avons eu un coup de foudre pour la librairie des Danaïdes à Aix les Bains.
2) Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Plein de choses en fait. Déjà, de passer ma vie au milieu des livres, ma grande passion. Ensuite, être libraire, contrairement à l’idée reçue du libraire qui passe sa journée à lire en attendand le chaland, est un métier hyperpolyvalent, on touche à tout : dans une même journée, vous pouvez avoir saisi quelques factures, fait le ménage du magasin, conseillé quelques ados réfractaires à la lecture, écouté votre représentant vous parler de son dernier coup de cœur, animé une rencontre avec votre auteur fétiche, livré la bibliothèque du coin… Et puis chaque semaine, des cartons de nouveautés arrivent en librairie. Et ça c’est le bonheur, un peu tous les jours Noël en quelque sorte, de découvrir toutes ces merveilles ! Il y a aussi beaucoup de moment forts comme cette dame très simple qui, ayant découvert chez nous Metin Arditi, était venu le rencontrer à la librairie pour lui dire combien son livre (Loin des bras – Actes Sud) l’avait bouleversée, elle en avait les larmes aux yeux. Ou encore, le petit garçon de nos voisins primeurs qui ne lisent absolument pas mais qui ne refusent jamais de lui acheter encore et toujours des livres car lui les adore !
3) Quelle dernière lecture vous a le plus marquée ?
Dans la forêt de Jean Heagland chez Gallmeister. Quand elle est venue à la librairie (merci Gallmeister), elle a raconté que, pendant qu’elle écrivait ce livre, elle ne dormait pas. Moi c’est en le lisant et les jours d’après que je n’ai pas dormi ! Ce livre a été écrit il y a 20 ans et il n’a pas pris une ride. A LIRE ABSOLUMENT.
J’hésitais aussi avec Sangliers d’Aurélien Delsaux chez Albin Michel. Une écriture particulière, sauvage, poétique, rude, sombre. Un roman impressionnant sur l’avenir (?) de notre société française.
4) Quel livre de l’actualité littéraire conseilleriez-vous pour se faire du bien ?
Comme une mule qui apporte une glace au soleil de Sarah Lapido Manyika chez Delcourt (oui, oui ils se sont mis à la littérature !). Notre héroïne a 75 ans et, même à cet âge, elle respire la joie de vivre. Cela donne une impression de légèreté, de pétillant.
5) De quelle manière participez-vous à la revue et pourquoi ?
Nous recevons des lectures avant parution et je participe de temps en temps aux réunions de préparation au niveau de la littérature jeunesse. C’est une autre façon pour nous d’obtenir des épreuves, notamment de découvrir de nouvelles choses car, quand nous demandons des épreuves à nos représentants, ce sont souvent des auteurs que nous connaissons et aimons déjà. Avec PAGE, c’est un peu la surprise, et de temps en temps, ce sont de bonnes surprises ! Et c’est aussi une façon pour nous de rencontrer d’autres libraires, de faire partie d’une communauté de libraires ! Et puis, l’équipe de PAGE est très sympa !!! 😉
6) Le livre que vous lisez en ce moment…
Mille petits riens de Jodi Picoult chez Actes Sud. Un livre édifiant sur le racisme aux États-Unis (j’ai quand même bon espoir que cela soit moins le cas chez nous…) et écrit un peu comme une série télé. Addictif.
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Rendez-vous bientôt pour un concours et d’ici quelques semaines pour une interview exclusive d’un(e) autre libraire indépendant(e) !
Tu en as de la chance, c’est un chouette partenariat !
C’est toujours intéressant de lire/ écouter des interviews de libraires : je trouve ce métier passionnant 🙂
Merci pour cet article !
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Oui, c’est super intéressant ! Moi aussi j’adore ce métier ❤
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