Voici la treizième interview issue de mon partenariat avec PAGE des Libraires. Cette fois, j’ai souhaité que PAGE contacte Claire Rémy de la librairie Maupetit à Marseille car elle a rédigé une chronique, dans le numéro 194 de PAGE, au sujet de la BD Nymphéas noirs de Bussi – Cassegrain – Duval, qui m’a donnée très envie de la découvrir. Le roman de Michel Bussi avait été un véritable coup de cœur il y a quelques années !
Quelques mots de Claire Rémy à son sujet (revue n°194) :
« Il faut être honnête : tout, dans cette BD, est réussi. La réécriture de Fred Duval est au cordeau grâce à un savant découpage qui nous emporte immédiatement et nous souffle le chaud et le froid jusqu’au twist final, imparable. Quant au dessin de Didier Cassegrain, tout en peinture et couleurs directes, il nous plonge parfaitement dans l’ambiance lourde et ouatée de l’enquête, dans les différentes branches d’une affaire opaque, sans oublier de rendre hommage à Giverny, sa nature et son illustre Claude (Monet, ndlr). »
★ ☆ ★ ☆
Quelques questions à Claire Rémy…
Préambule : Quelle est l’histoire de votre librairie ?
Je ne suis pas propriétaire de ma librairie mais juste responsable du rayon bande-dessinée depuis maintenant 9 ans ! Mais il se trouve que cette année, notre librairie fête ses 100 ans d’existence à son emplacement actuel ! L’occasion d’une année riche en rencontres et partenariats. Maupetit est la plus grande librairie indépendante de Marseille, dans le sens où si nous avons été rachetés (et de fait sauvés) par les éditions Actes Sud il y a maintenant 21 ans, nous n’appartenons pas à une chaîne de magasins. Dans une ville comme Marseille où la culture est difficile, c’est une belle performance que d’avoir 100 ans !
1) Comment êtes-vous devenue libraire ?
Depuis toute petite, je rêvais de travailler parmi les livres, je me voyais bien bibliothécaire, un lieu où j’adorais aller enfant ! J’ai fait mes études à l’IUT Métiers du Livre d’Aix-en-Provence et lors de la toute première matinée de mon tout premier stage en librairie, j’ai su que c’était ça que je voulais faire en fait ! Il y a une vie dans les librairies, un contact avec les clients qui en font tout le charme.
2) Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Le contact avec les gens justement est le cœur du métier et même si ce n’est pas toujours facile, ça reste précieux. Choisir un livre pour une personne que l’on ne connaît pas et s’entendre dire « oh, justement la personne à qui je veux l’offrir porte le prénom du héros/de l’héroïne » fait partie des petits plaisirs, la personne y voit toujours un signe que c’est le bon choix ! Ou encore cette femme il y a quelques mois, qui avait acheté sur mes conseils Beyoncé est-elle féministe de Margaux Collet et Raphaëlle Rémy-Leleu (First Editions) et est revenue quelques jours après juste pour me dire merci car sa fille s’était exclamée en le découvrant « Han mais maman c’est EXACTEMENT le livre que je voulais t’es trop forte ! », d’une certaine manière, moi aussi je suis trop forte ! De manière générale, les remerciements des lecteurs a posteriori pour leur avoir permis de trouver le bon cadeau ou pour une découverte est toujours un régal. Et mon insatiable curiosité savoure toujours aussi le fait de savoir quelques mois avant tout le monde ce qui va être sur les tables…
3) De quelle manière participez-vous à la revue et pourquoi ?
Je vote pour mes coups de cœur, écris des articles et réalise des entretiens avec des auteur·rice·s pour le magazine. PAGE est une belle revue qui, je trouve, en créant un réseau de libraires et en leur donnant la parole, met en avant notre travail autant que les livres qu’elle présente. Une sorte de librairie géante qui donne encore plus envie de lire !
4) Le livre que vous lisez en ce moment…
Je viens de commencer Vox de Christina Dalcher aux éditions Nil. Une dystopie dans laquelle la société américaine a dévié au point d’être gouvernée par un groupe fondamentaliste qui a instauré un quota de 100 mots par jour pour les femmes. De plus, de manière générale, elles sont à nouveau sous l’autorité de leur mari et ne peuvent plus travailler. Jean, l’héroïne, va se voir proposer un marché par les autorités : elle pourrait s’affranchir de ce quota, ainsi que sa fille, en échange de son aide en tant que neurochirurgienne pour soigner le frère du Président… L’autrice est docteure en linguistique et au-delà de l’histoire, dans laquelle je suis rentrée dès les premières pages, c’est bien cette interrogation sur le rapport entre les mots, la parole et la liberté qui m’a attirée dans ce roman. Je n’en suis qu’à la moitié je ne peux pas vous en dire plus mais dans la veine de Margaret Atwood, c’est tout simplement glaçant et hyper prenant dès les premières pages !
★ ☆ ★ ☆
Rendez-vous bientôt pour un concours et d’ici quelques semaines pour une interview exclusive d’un(e) autre libraire indépendant(e) !
Une réflexion sur « Interview Libraire : Claire Rémy de la librairie Maupetit à Marseille »