1918. Dublin est ravagé par la guerre et un nouveau mal s’abat sur l’Irlande. On l’appelle « la grande grippe », pas encore « espagnole », et l’épidémie fait rage, ajoutant la confusion au chaos. Placée à la tête d’une maternité de fortune, l’infirmière Julia Power l’affronte chaque jour en première ligne. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – farouche indépendantiste. Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’escrimeront, là où la mort règne, à donner la vie envers et contre tout…
Le Pavillon des combattantes – Emma Donoghue
Éditeur : Pocket (5 janvier 2023)
Pages : 395
Ma note : 4/5
Mon avis :
À travers ce roman, nous partageons pendant quelques jours le terrible quotidien d’une infirmière en Irlande en 1918 alors que l’épidémie de grippe dite « espagnole » sévit en temps de guerre.
Emma Donoghue débute l’écriture de ce roman en octobre 2018 « inspirée par le centenaire de la grande grippe » et remet la dernière version à son éditeur en mars 2020, au moment où la Covid-19 fait son entrée… De cette improbable et délicate coïncidence paraît Le Pavillon des combattantes qui nous fait forcément écho aujourd’hui.
Julia est une infirmière irlandaise de trente ans qui travaille d’arrache-pied au service infectieux de la maternité. Le récit est à la première personne et nous immerge instantanément au cœur de cet enfer où le personnel manque affreusement et où la mort s’immisce au quotidien. C’est d’autant plus redoutable qu’il concerne des femmes enceintes et des bébés. Rien n’est épargné, le lecteur est le témoin d’accouchements difficiles et des conséquences terribles de cette maladie foudroyante. Malgré tout, le récit n’est pas abominable à lire car il est tempéré par le personnage de Julia, son abnégation et sa force, et par sa rencontre avec une jeune orpheline, Bridie, qui vient apporter son aide bénévolement. Le lien qu’elles tissent et leur solidarité dans l’épreuve adoucissent l’atmosphère difficile et apportent de l’humanité au milieu du chaos.
Cette histoire est intéressante puisqu’elle s’appuie sur des faits historiques et un personnage qui a existé, le Dr Kathleen Lynn (1874-1955) qui s’est battue pour améliorer les conditions de vie sanitaires de ses concitoyens. Même si dans ce roman ce personnage n’est pas au premier plan, il apporte un vrai savoir et un soutien précieux à Julia. Les blessés de guerre sont également abordés mais peu développés, Emma Donoghue s’étant concentrée sur ce huis-clos au sein d’une maternité à Dublin.
L’histoire est divisée en seulement quatre parties et non pas en chapitres, ce qui m’a un peu perturbée au départ mais il s’avère que ce roman se lit rapidement et que, prise dans ce tourbillon médical, je l’ai dévoré, page après page. Le texte est fluide et les deux personnages principaux sont attachants, nous ne rencontrons donc aucune difficulté à la lecture.
En bref, c’est un roman que j’ai apprécié et que je vous conseille pour la force féminine qui s’en dégage et pour son intérêt historique. J’ai ressenti que l’auteure avait travaillé son sujet et par conséquent, elle réussit à nous offrir un roman très réaliste, grave et concret.
Merci à Emmanuelle et Camille des éditions Pocket !
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