Lecture : « Plus grands que le monde » de Meredith Hall

Lorsque Doris et Tup se rencontrent dans les années 1930, l’avenir ensemble leur apparaît comme une évidence. À tout juste dix-huit ans, Doris rejoint Tup dans la ferme laitière familiale du Maine. Là-bas, leurs journées suivent les rythmes de la terre, faites de joies simples, et bientôt animées par trois enfants : Sonny, l’aîné, qui fait de sa chambre un musée consacré aux insectes de la région ; Dodie, la cadette au cœur affirmé et généreux ; et le petit Beston, calme et dévoué. Un foyer qui semble être à l’abri des vicissitudes du monde. Jusqu’au jour où survient une tragédie terrible, qui ébranle les fondations familiales.

Plus grands que le monde – Meredith Hall

Éditeur : Philippe Rey (1er février 2024)

Pages : 365

Ma note : 3,5/5

Mon avis :

J’avais lu de grands éloges concernant ce roman, alors j’imaginais en ressortir bouleversée moi aussi. Pourtant, si le sujet du deuil et la construction du roman sont intéressants, l’écriture alanguissante et douloureuse m’a parfois apportée quelques longueurs à la lecture.

Il est beaucoup question de culpabilité et de ce que le deuil peut bouleverser au sein d’un foyer aimant. Le style est contemplatif, ce qui peut gratifier le récit de descriptions agréablement poétiques, en revanche, le manque cruel d’action finit par engendrer de la lourdeur. Mon intérêt a faibli peu à peu, même si le dénouement a pu susciter un léger regain. Je le déplore parce que j’aurai vraiment aimé être transportée par cette histoire familiale dont les liens, qui semblaient extrêmement solides, se retrouvent mis à à rude épreuve. La cause en est bien sûr compréhensible puisque dramatique, et je dois avouer que Meredith Hall a su dépeindre la justesse des sentiments noirs et l’impuissance des personnages face à la tragédie. Mais l’espoir qui a bien du mal à percer, chapitre après chapitre, m’a essoufflée.

Plus grands que le monde est un roman choral qui extirpe la profondeur des sentiments de Doris, la mère, de Dodie, la fille et de Tup, le père, les autres personnages étant contés à travers les narrations des précédents. Tour à tour et sur une période s’étalant sur une vingtaine d’années, ils nous laissent devenir les témoins de leur amour, de la grâce qui les baigne alors, mais également de l’effondrement de leurs fondations qui déconstruit par conséquent tout ce à quoi ils aspiraient, tout ce qu’ils avaient pu imaginer pour leur famille. L’environnement prend une place très importante dans le roman, ce qui inclue le travail à la ferme qui peut s’avérer très difficile et sans concession. Certains évènements m’ont d’ailleurs brisé le cœur mais constituent la dure réalité de cette vie rude à la campagne.

Sur une majeure partie du récit, j’ai eu le sentiment que l’amour véritable qu’ils se portaient avant le drame ne tenait désormais plus qu’à un fil. Il n’est pas question de détestation mais plutôt d’une lente agonie intérieure que l’on espère toujours se terminer (en revanche, tous les personnages ne sont pas égaux face à cette douleur et il reste intéressant de constater les divergences de comportement et de points de vue au fil des années qui s’écoulent). Du reste, le dernier quart apporte davantage de lumière, ce qui est fort appréciable.

En bref, c’est un roman qui réussit à mettre en exergue la grande complexité du deuil et de ses conséquences sur l’amour au sein des membres de cette famille. La culpabilité transpire du texte et ne laisse que très peu de place à la résilience et à l’acceptation. Je regrette que l’écriture soit si lancinante, un peu de vigueur aurait apporté du rythme et davantage de fluidité. C’est donc une lecture mitigée me concernant, mais peut-être faites-vous ou ferez-vous partie de ces lecteurs qui ont été ou serez subjugués ? 

 

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

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