Lecture : « Mr. Loverman » de Bernardine Evaristo

À soixante-quatorze ans, on ne fait pas plus chic que Barry Jedidiah Walker. Élégant, fin lettré, connaissant son Shakespeare sur le bout des doigts, le dandy caraïbéen porte encore beau – c’est le moins que l’on puisse dire. Alors s’il est toujours « coureur de jupons », après cinquante ans de mariage, Carmel ferme les yeux. Mais elle se trompe. Car Barry, en vérité, n’a jamais séduit une autre femme. Ces soirées clandestines, c’est à Morris qu’il les consacre, son amour de jeunesse, qui le supplie, au crépuscule de leur vie, de la terminer ensemble. Parce qu’il n’est jamais trop tard pour se libérer des conventions…

Mr. Loverman – Bernardine Evaristo

Éditeur : Pocket (2 février 2023)

Pages : 355

Ma note : 3/5

Mon avis :

Lecture très mitigée pour ce roman de Bernardine Evaristo. Puisque je n’ai eu aucun attachement aux personnages, il n’a pas su me toucher. Malheureusement, malgré un sujet intéressant, je suis un peu passée à côté…

Barry est un dandy caraïbéen prétentieux de 74 ans. Sa relation avec sa femme est une catastrophe et le désamour est exponentiel. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque les âmes sont malheureuses ensemble ? Car Barry brille par son absence, par ses sorties intempestives, par son alcoolisme aussi. À coups de whiskey et de rhum, il tente, en vain, d’oublier son mal-être de ne pas vivre avec la personne qu’il aime réellement. Parce que Barry aime les hommes et en particulier Morris depuis leur enfance. Mais jusque là, il n’est jamais arrivé à trouver le courage de divorcer de Carmel qu’il n’aime pas (mais qu’il remercie pour les deux filles qu’ils ont eu ensemble, c’est déjà ça…) afin de vivre l’amour, le véritable. Il faut dire que l’homosexualité à leur époque était une tare, une maladie dont il fallait absolument guérir. Les gays étaient victimes d’une forte discrimination au mieux, ou plus souvent passés à tabac. Alors, cette peur de vivre une sexualité libre est telle qu’il ne peut se résoudre à s’avouer homo. Carmel, elle, ne sait rien de tout cela et croit son mari coureur de jupons. Puisqu’il se pavane autant qu’il fuit les réalités, cela donne un personnage prisonnier d’une vie qu’il garnit de patriarcat et autres joyeusetés qui ne sont pas plaisantes à lire.

Il dégouline une grande frustration de chacun des époux, de l’aigreur et de la détestation parfois. Mais au fil des chapitres et de l’envie de Barry de vivre enfin la vie qu’il souhaite depuis toujours, le caractère s’adoucit un peu et il transpire même une émotion qui était bien cachée sous sa carapace. Certains passages sont plaisants, notamment son rapprochement avec son petit-fils et une de ses filles. Les thématiques abordées sont fondamentalement intéressantes : le coming-out tardif, le féminisme émergeant, la liberté entravée… Mais le ton général du récit et la rancœur qui transpire des personnages ne m’ont pas plu. Tout n’est pas négatif, heureusement certaines formulations sont séduisantes et les citations shakespeariennes tombent toujours à point nommé.

Quand quelqu’un vous réclame sa liberté, il faut la lui donner ; autrement vous devenez son geôlier.

Je ne vais pas m’étaler davantage, ce n’est, me concernant, pas une lecture qui marquera mon année, mais j’ai pu lire des avis très positifs, alors je vous invite à vous faire votre propre avis. Ce qui ne m’a pas touchée vous touchera peut-être !

Merci à Emmanuelle et Camille des éditions Pocket

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

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