Lecture : « Nos cœurs disparus » de Celeste Ng

États-Unis d’Amérique, dans un futur pas si lointain. L’existence de tous est rythmée par des lois liberticides. Tout citoyen de culture étrangère est considéré dangereux pour la société. Les livres tenus pour séditieux sont retirés des bibliothèques. À commencer par ceux de la poétesse Margaret Miu, disparue mystérieusement trois ans plus tôt. Bien décidé à la retrouver, son fils, Bird, aidé par un réseau clandestin de bibliothécaires, va peu à peu prendre conscience du sort des opprimés et de la nécessité impérieuse de porter leur voix.

Nos cœurs disparus – Celeste Ng

Éditeur : Sonatine (24 août 2023)

Pages : 363

Ma note : 4,25/5

Mon avis :

Un monde effrayant pas aussi imaginaire qu’il n’en a l’air et même plutôt réaliste, une dystopie qui n’en sera peut-être plus une dans un futur pas si lointain… Espérons que non.

Celeste Ng a le talent de décrire ce monde qui reprend des éléments existants et d’autres plus poussés dans un totalitarisme effroyable. Sous prétexte d’une mise en sécurité de la population américaine mais aussi à cause du basculement dans un nationalisme exacerbé, le contrôle sur les citoyens est souverain et la liberté menacée. L’étranger est l’ennemi à maîtriser voire à combattre, et notamment la population d’origine asiatique qui semble être le point de départ du chaos de la crise passée (évidemment qu’elle ne l’est pas, mais il est toujours plus facile de désigner un coupable et d’en faire le responsable de tous les malheurs….). Depuis, le PACT (« Preserving American Culture and Traditions Act » ; Loi sur la sauvegarde de la culture et des traditions américaines) a remis de l’ordre et celles et ceux qui ne se comportent pas comme de bons et dévoués enfants de la nation disparaissent. Si au départ, la sortie de crise était un soulagement et les lois rassurantes, peu à peu les dérives n’ont fait qu’empirer.

« Le PACT n’était pas une question de race, s’évertuait à répéter le président, mais de patriotisme et d’état d’esprit. »

Il y aurait beaucoup à dire sur ce récit glaçant et tous les sujets développés ici mais je ne voudrais pas en dévoiler trop. Il est très intéressant de voir comment l’autrice amène les choses peu à peu. L’ensemble est parfaitement maîtrisé et bien pensé. Il est divisé en trois parties qui compartimentent judicieusement les étapes de l’histoire de Noah – surnommé Bird – et de sa famille. En effet, pour faire court, sa mère est partie il y a trois ans alors qu’il n’avait que neuf ans, mais les raisons qui entourent son départ restent floues et mystérieuses. Même son père reste silencieux à ce sujet. Alors Bird, désormais âgé de douze ans, va tenter de découvrir la vérité sur cette mère qui lui manque terriblement. 

L’autrice prend le temps de contextualiser les faits, de nous décrire cette société qui a basculé dans un conservatisme crasse, et de camper ses personnages. Ainsi, la première partie du récit peut paraître un peu longue mais elle est nécessaire pour assoir la suite des évènements. Les motivations de celles et ceux qui se battent pour enrayer les lois liberticides n’en sont que plus légitimes et hautement compréhensibles. Nous ne pouvons qu’avoir envie de nous battre à leurs côtés.

J’aimerai également saluer l’écriture de Celeste Ng qui est aussi percutante que poétique. Elle donne une vraie consistance au texte et nous engage pleinement au cœur de l’histoire. Un roman que je vous conseille vivement !

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

3 réflexions sur « Lecture : « Nos cœurs disparus » de Celeste Ng »

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