Lecture : « La Sorcière de Limbricht » de Susan Smit

Limbricht, juillet 1674. Parce qu’elle préfère se rendre au bois qu’à l’église, parce qu’elle connaît le pouvoir des plantes qui soignent, parce qu’elle est un peu trop libre, Entgen Luijten est arrêtée pour suspicion de sorcellerie. Dans l’attente de son procès, la voilà réduite à compter les jours dans l’étroit et glacial cachot du baron Van Breyll, prêt à tout pour obtenir des aveux spectaculaires. Mais malgré les fenêtres étriquées de sa cellule, Entgen puise sa force dans ses rites et ses souvenirs, et prépare sa défense comme un cri. Car elle compte bien faire entendre sa voix. Même si cela doit être la dernière fois…

La Sorcière de Limbricht – Susan Smit

Éditeur : Pocket (1er février 2024)

Pages : 285

Ma note : 4/5

Mon avis :

Ce roman bien documenté et je pense, parfaitement travaillé en amont (cela se ressent), nous embarque au XVIIème siècle au sud des actuels Pays-Bas et plus précisément à Limbricht au cœur du procès d’Entgen Luijten, soupçonnée de sorcellerie et de magie noire. 

Basé sur des faits réels et à travers cette sombre affaire, il met en exergue la condition féminine de l’époque, la prédominance de la religion et des impensables croyances qui y étaient liées. Une femme trop libre, proche de la nature et maîtrisant l’utilisation des plantes et des herbes était facilement traitée de sorcière, ce qui était une abomination. S’en suivait alors un procès appuyé par des accusations signées par écrit par les habitants dénonciateurs. Entgen en reçut une trentaine, toutes plus ahurissantes les unes que les autres.

L’influence d’une femme sur son époux est rarement considérée comme positive. Si le mari est prospère, sa femme n’y a en rien contribué, elle se contente d’en profiter ; si la femme réussit tant soit peu, elle vole la lumière qui revient à son mari. Son rôle est de se tenir dans son ombre, de servir et de sourire humblement. Selon les esprits mesquins, prendre l’initiative ou se placer en égale de son époux équivaut à le châtrer.

Ce roman revient sur son arrestation, sa détention en cachot dans le château de Limbricht et son procès. Entgen est la narratrice, le récit est entrecoupé de ses souvenirs et la positionne en tant que femme forte, courageuse et dotée d’une grande opiniâtreté. Jamais elle ne cèdera à ceux qui veulent lui soutirer des aveux. Puisqu’elle est innocente, elle n’a rien à avouer.

Illustration du château de Limbricht

Le style d’écriture ne permet pas vraiment de s’attacher au personnage, il colle à la personnalité brute et presque sans concession d’Entgen. Les faits sont relatés tels qu’ils sont, il en ressort peu de sentiments (il n’en est pas dénué mais ce n’est pas ce qui le caractérise). De plus, le fait que les souvenirs surgissent constamment tels des flashbacks peut faire que la lecture manque un peu de fluidité. Ainsi, même si je reconnais le travail impressionnant de l’autrice concernant cette affaire, je n’ai pas ressenti d’élan passionné à sa lecture.

En bref, j’ai été très intéressée par cette histoire que je vous recommande si vous appréciez les faits historiques ainsi que les personnages féminins de caractère. Le fait qu’Entgen ait existé apporte de la force et du poids à ce récit maîtrisé de bout en bout. Toutefois, le choix de sa construction pourra peut-être vous incommoder un peu. À découvrir !

Un grand merci à Emmanuelle et Samuelle des éditions Pocket.

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

3 réflexions sur « Lecture : « La Sorcière de Limbricht » de Susan Smit »

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