Lecture : « La Saison des feux » de Celeste Ng

Quand le voile des apparences ne peut être déchiré, il faut parfois y mettre le feu.

À Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, tout est soigneusement planifié pour le bonheur des résidents. Rien ne dépasse, rien ne déborde, à l’image de l’existence parfaitement réglée d’Elena Richardson, femme au foyer exemplaire.
Lorsque Mia Warren, une mère célibataire et bohème, vient s’installer dans cette bulle idyllique avec sa fille Pearl, les relations avec la famille Richardson sont d’abord chaleureuses. Mais peu à peu, leur présence commence à mettre en péril l’entente qui règne entre les voisins. Et la tension monte dangereusement à Shaker Heights.

La Saison des feux – Celeste Ng

Éditeur : Sonatine (5 avril 2018)

Pages : 378

Ma note : 4/5

Mon avis :

Plus apparenté au roman noir qu’au thriller, La Saison des feux s’immisce au cœur de trois familles, au plus intime de leurs membres. Il touche pleinement à la maternité, au sens large du terme. 

En effet, l’auteure nous plonge dans le désir d’enfant, dans le manque aussi, mais également au plus profond de ce qu’est être mère et de ce que l’on est prête à faire pour le devenir, ou le rester…

Mia Warren débarque avec sa fille Pearl dans une communauté millimétrée où tout semble parfait, en apparence. Après moult déménagements, Mia promet à sa fille qu’elles s’installeront ici pour de bon, à Shaker Heights, cette dernière semblant soulagée d’enfin trouver une certaine stabilité.
C’est donc dans une maison en location, dont les propriétaires sont les Richardson, que nous allons faire la connaissance de ces deux électrons libres et bohèmes, leur passé mystérieux se dévoilant peu à peu au fil des chapitres.
Dans le même temps, nous nous insinuons au sein de la famille modèle des Richardson. Il est évident que le contraste entre les deux familles est très fort, autant par la différence de niveau de vie que par les personnalités de leurs membres. Pourtant, doucement, les adolescents vont se lier de différentes manières jusqu’à bouleverser leur vie à tous. Mais quand la grande maison des Richardson part en fumée, alors les masques tombent…
Parallèlement, nous suivons l’histoire du couple McCullough qui rêve d’enfant. À travers eux, c’est tout un pan des relations sociales de la communauté que nous découvrons.

Ce n’est pas tant le suspense qui est intéressant dans ce roman mais bel et bien l’aspect psychologique des personnages ainsi que la construction habile du récit, un peu à la Laura Kasischke. L’auteure a vraiment réussi à créer cette ambiance presque oppressante dans laquelle les protagonistes évoluent doucement mais surement pour atteindre un point de non-retour. Pour une vie meilleure ?

« Parfois il faut tout brûler et recommencer. Après avoir brûlé, le sol est plus riche, et la végétation peut repousser. Les gens sont pareils. Ils repartent de zéro. Ils trouvent un moyen. »

Chapitre après chapitre, on comprend le pouvoir du feu, le sens qu’il contient et ce qu’il en reste après. C’est un roman maîtrisé, pas extraordinairement rythmé ni original par son thème, mais qui contient une atmosphère qui lui est propre avec des protagonistes forts. La femme tient une place essentielle et c’est un vrai plaisir de passer de l’une à l’autre : de la femme fortunée réglée comme une horloge à l’artiste bohème, de l’adolescente en crise d’identité à celle, posée, qui fait preuve de compassion… Malgré leurs différences, il est intéressant de voir comment les liens vont se créer et comment ils vont évoluer.

Vous l’aurez compris, c’est un roman noir sur les liens filiaux et sur les relations sociales – et sociétales – en règle générale. Sans jamais apporter de jugement, Celeste Ng dépeint ces familles si différentes qui portent chacune leurs secrets, et dont la coque, solidifiée par les années, se craquelle jusqu’à se briser parfois.

Dans les braises d’une société consumée subsiste une lueur d’espoir. Les personnages vont-ils réussir à s’y attacher ?

Un grand merci à Babelio pour cette Masse Critique Privilégiée ainsi qu’aux Éditions Sonatine (merci aussi pour le carnet) !

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

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