Lecture : « Les Orphelins du bout du monde » de Harmony Verna

Au début du XXe siècle, une somptueuse histoire d’amour à l’atmosphère ensorcelante, avec pour toile de fond les vastes plaines de l’Ouest australien, terres ancestrales du peuple aborigène.

Leonora est une miraculée. Abandonnée par son père dans la fournaise du désert, puis recueillie dans un orphelinat, la petite s’est murée dans le silence. Son seul ami : James, un Irlandais rebelle, qui la protège comme une soeur. Mais le lien si fort qui unit les deux orphelins est brutalement rompu lorsque Leonora est adoptée par les Fairfield, de riches industriels qui l’emmènent aux États-Unis.

Des années plus tard, c’est une belle héritière qui revient sur les terres australes, au bras de son mari, le ténébreux et irascible Alex Harrington, venu diriger la mine des Fairfield. C’est là que Leonora va retrouver James. Malgré le temps, leur complicité est intacte ; or Alex ignore tout du passé de la jeune femme…
Comment lutter contre cette force irrésistible qui la pousse vers James ? Comment échapper à la soif de contrôle maladive de son époux ? Pris au piège de la jalousie, des mensonges et des drames de l’Histoire, les orphelins du bout du monde seront-ils un jour réunis ?

Les Orphelins du bout du monde – Harmony Verna

Éditeur : Belfond, Le Cercle (1er juin 2017)

Pages : 567

Ma note : 4,5/5

Mon avis :

Quelle belle lecture ! C’est pleine d’émotions que j’ai vu défiler à toute vitesse les chapitres de ce roman de presque 600 pages. Mon cœur commence à peine à ralentir quand je commence cette chronique… 

Il existe des histoires dans lesquelles l’attachement aux personnages nous fait ressentir un panel de sentiments variés, nous transporte puissamment dans le décor et dans la vie des protagonistes, nous rappelle même parfois des bribes de la nôtre ou de celle d’un proche. Ainsi, on s’identifie, on grimace, on sourit, on aime, on déteste, on vit à travers notre lecture. Et ce roman en fait partie, sans aucun doute.

(abandon de Leonora) « Ils arrivèrent à hauteur d’un eucalyptus solitaire qui se dressait sur la terre aride, ses feuilles étroites grises de poussière. (…) Il la fit asseoir en retirant la main de la sienne. Les yeux vitreux, il décrocha de sa ceinture la gourde cabossée et la posa par terre, à côté d’elle. Et puis il se détourna, fit un pas, puis deux. Elle le vit se passer les mains dans les cheveux, les laisser tomber sur son cou. À l’affaissement des épaules, au vacillement des jambes, elle crut qu’il allait tomber. Mais non, il continua. Sa silhouette devint de plus en plus petite et ne fut bientôt plus qu’un point sombre. Ensuite, plus rien. Il s’évanouit dans l’air vibrant de chaleur. »

Nous suivons Leonora et James depuis l’enfance et leur condition d’orphelins jusqu’à l’âge adulte, à travers les épreuves de leur vie mais aussi leurs espoirs. La compassion et la tendresse nous enveloppent quand nous devenons témoins de ce début d’amitié entre eux, de ce lien qui jamais ne se perdra tout au long du récit, même s’ils sont séparés étant encore enfants. L’un restant en Australie, l’autre étant exilée en Amérique par sa famille d’adoption. Mais ce fil solide qui les lie – tel un pacte fraternel invisible mais immuable -, se verra entaillé à de nombreuses reprises, prêt à céder sous les assauts, même quand plusieurs années plus tard le destin les réunit sur les terres australes. Rien est facile et pourtant on ne cesse de croire en un avenir meilleur pour eux. On le désire du plus profond de notre âme, même si l’auteure sait nous faire douter. Ainsi, qu’en sera-t-il de la vie de ces deux écorchés au grand cœur ?

Ce roman en six parties nous dévoile les grandes étapes de la vie de nos deux personnages : l’abandon, la rencontre, une nouvelle vie qui se dessine mais qui les sépare, l’émancipation par le travail et le mariage, les retrouvailles et leur lot de hauts et de bas. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, au contraire. Le récit est rythmé de péripéties, d’émotions qui nous bousculent tantôt dans l’indignation, la tristesse, tantôt dans la joie, l’espérance et l’amour. C’est à la fois un récit historique, une épopée qui nous fait indéniablement voyager dans ce pays magnifique qu’est l’Australie, et aussi une romance (mais pas niaise, ça non !). Un roman complet qui émeut forcément.

« Il lui aurait fait l’amour à même le sol, sous la couverture noire de la nuit. Ils auraient ajouté leurs gémissements à la symphonie nocturne, et leur plaisir aurait fait vibrer la terre. »

L’écriture est très agréable, les chapitres sont souvent courts, les mots se laissent dévorer avec aisance. Ceci est le premier roman de Harmony Verna et je lui tire très sincèrement mon chapeau. Il est fort bien construit et laisse le lecteur dans la poussière rouge et la chaleur des terres australiennes. Il nous laisse le cœur haletant de tout ce que l’on a vécu aux côtés de Leo et James et c’est avec regret que nous les quittons.

En deux mots : lisez-le ! Si vous aimez voyager, si vous affectionnez les histoires humaines, si vous appréciez le côté historique (ici, la guerre, les conditions des travailleurs dans les mines, la traite des aborigènes mais aussi la place de la femme au début du XXème siècle), ce roman est pour vous. Vous m’en direz des nouvelles !

Oeuvre de l’artiste aborigène Albert Namatjira (1902-1959)

Un grand merci à Carine des Éditions Belfond pour cette séduisante lecture !

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

6 réflexions sur « Lecture : « Les Orphelins du bout du monde » de Harmony Verna »

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