Lecture : « On la trouvait plutôt jolie » de Michel Bussi (Rentrée littéraire 2017)

Du désert sahélien à la jungle urbaine marseillaise, en quatre jours et trois nuits…
Un suspense renversant et bouleversant.

« – Qu’est-ce qui ne va pas, Leyli ? Vous êtes jolie. Vous avez trois jolis enfants. Bamby, Alpha, Tidiane. Vous vous en êtes bien sortie.
– Ce sont les apparences, tout ça. Du vent. Il nous manque l‘essentiel. Je suis une mauvaise mère. Mes trois enfants sont condamnés. Mon seul espoir est que l’un d’eux, l’un d’eux peut-être, échappe au sortilège.
Elle ferma les yeux. Il demanda encore :
– Qui l’a lancé, ce sortilège ?
– Vous. Moi. La terre entière. Personne n’est innocent dans cette affaire. »

On la trouvait plutôt jolie – Michel Bussi

Éditeur : Presses de la Cité (12 octobre 2017)

Pages : 462

Ma note : 4,25/5

Mon avis :

Michel Bussi, un de mes auteurs favoris duquel je savoure chaque roman. Pour ne pas déroger à la règle, je savais, avant même d’ouvrir ce nouvel opus, que j’allais entrer facilement dans l’histoire, que j’allais sentir une addiction à ce récit. Une lecture plaisir, fluide et envoûtante ! 

C’est également une lecture terriblement d’actualité puisqu’elle traite des migrants, de leur condition, de leur survie mais aussi de leur mort, mais tout cela de façon originale et sans pathos aucun. C’est un roman qui nous ensorcelle, qui est fort en symbolique, qui passe du jour à la nuit, d’une pseudo normalité diurne à une terrible vengeance nocturne. C’est un roman qui met à jour une affreuse réalité, qui nous embarque de la France à l’Afrique et au-delà, et qui parle de pouvoir. C’est aussi un récit dans lequel les femmes sont à la fois victimes et fortes.

« Selon les interprétations, la chouette était considérée comme un oiseau porte-bonheur. Ou de malheur. La chouette était présentée comme le symbole de la sagesse, de la mythologie grecque à aujourd’hui, associée à la déesse Athéna. Intelligente, clairvoyante, perspicace, rusée. Mais la chouette était aussi l’animal de compagnie des démons, des sorcières, la messagère de la mort. Et surtout, la chouette était un oiseau de nuit. Cachée le jour, aveugle, elle ne sortait que la nuit tombée pour chasser. Pour surprendre des proies perdues dans le noir alors qu’elle seule voyait, sentait, entendait. La chouette tuait ses ennemis dans l’obscurité. Son hululement annonçait la disparition d’un proche à la famille endormie. »

J’ai essayé de ne pas le dévorer trop vite, de faire durer le plaisir, il est en effet difficile de s’arrêter une fois qu’on le commence. Le style Bussi est addictif et fluide. Même si je n’ai pas été autant surprise par le dénouement que certains autres de ses romans tels que Nymphéas noirs (le meilleur selon moi) et même Le temps est assassin, j’ai adoré ma lecture, j’étais totalement subjuguée par cette histoire pleine d’humanité malgré son sujet difficile. Il est justement dosé. Sans en faire des tonnes, il nous sensibilise sur la condition des migrants d’Afrique, mais il dénonce aussi certains agissements qui filent la nausée. C’est une fiction bien sûr, mais je pense que l’on colle à la réalité sur de nombreux sujets…

« (…) l’humanité avait toujours vécu sans passeport. Les hommes n’avaient inventé ce morceau de papier qu’à l’occasion de la Première Guerre mondiale, en s’engageant à le supprimer sitôt la paix revenue. Cette promesse fut longtemps débattue à la Société des nations, puis à l’ONU, avant d’être définitivement enterrée dans les années 60. La libre circulation des hommes sur la terre, ce droit fondamental, historique, millénaire, n’était devenue qu’il y a à peine cinquante ans une utopie à laquelle même les plus idéalistes ne croyaient plus. »

Les personnages sont attachants, ce sont les héros d’une réalité sinistre. On embarque avec eux et l’auteur sait, petit à petit, nous révéler qui ils sont vraiment. Tout tourne autour d’un secret, le secret bien gardé de Leyli, maman d’origine africaine. Son état d’esprit contraste d’ailleurs avec son passé tourmenté. Elle nous raconte ce dernier au fil des chapitres, sans atermoiement, avec sincérité, et tout cela nous laisse un petit goût de conte africain. On pourrait la croire démolie, mais elle fait preuve d’une force incroyable. Ses trois enfants, Alpha, Bamby et Tidiane sont également attachants, chacun à leur manière. Et peut-être qu’eux aussi possèdent des secrets à nous dévoiler…
Ainsi, le doute se sème sur tous, et comme toujours, l’auteur sait faire turbiner notre esprit, nous faire échafauder des plans et tout nous faire reconsidérer après un twist dans les derniers chapitres.

C’est donc un roman inclassable comme Michel Bussi sait les écrire. C’est à la fois un roman contemporain terriblement humain qui possède une part d’exotisme, et un roman policier, un polar, voire même un thriller à certains moments. C’est un récit que l’on dévore parce qu’il sait nous happer et nous surprendre (même si je le suis moins avec celui-ci, de belles surprises nous attendent tout de même !), et aussi parce que les protagonistes sont fascinants, envoûtants et attachants. Une lecture très intéressante sur une réalité contemporaine narrée de façon singulière et assurément addictive.

Un grand merci à Wendy des Éditions Presses de la Cité pour cette chouette lecture !

Auteur : ducalmelucette

Du calme Lucette est un blog à forte tendance littéraire. Mais pas que !

14 réflexions sur « Lecture : « On la trouvait plutôt jolie » de Michel Bussi (Rentrée littéraire 2017) »

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